Le Kram:  Affluence inhabituelle dans les centres de vote

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Le scrutin s’est déroulé dans les meilleures conditions, sous l’œil vigilant des observateurs locaux et étrangers, ainsi que des représentants des candidats. Pas d’infractions enregistrées et les électeurs ont pu accomplir leur devoir avec la nette conviction d’avoir choisi librement leur candidat. Des femmes en safsari, des vieux sur des béquilles, jeunes et moins jeunes n’ont pas voulu manquer cet important rendez-vous électoral.

 Contrairement aux élections précédentes, la présidentielle 2024 a drainé un grand nombre d’électeurs de tous âges. Il est vrai que les vieux étaient plus nombreux dès l’ouverture des centres de vote, mais plus le temps avançait, plus les files d’attente s’allongeaient devant les bureaux de vote. Hommes et femmes étaient accompagnés de leurs enfants qui avaient un désir fou de tremper leurs petits doigts dans l’encre bleue. Des femmes en safsari accompagnées de leurs filles et des vieux titubant avec des béquilles ont tenu à s’acquitter de leur devoir électoral. Le nombre de jeunes en âge de voter avait graduellement augmenté dans l’après-midi dans pratiquement tous les centres de vote de la délégation du Kram.

Tirer les leçons du passé

Au centre de vote de l’école préparatoire El Jahedh au Kram-Est où le nombre d’inscrits est de 5.881 selon l’Isie, l’affluence était tellement forte que certains votants se sont plaints de l’organisation. En effet, il y avait plus de votants devant le bureau N°1 que devant les quatre autres bureaux.

On comprend le mécontentement des électeurs d’autant que ces derniers étaient obligés d’attendre leur tour sous un soleil de plomb. Sur le plan organisationnel, l’instance électorale aurait pu faire mieux, nous confie une femme d’une quarantaine d’années, accompagnée de son mari. « Des chaises auraient pu être mises à la disposition des personnes âgées pour qu’elles puissent accomplir leur devoir électoral dans les meilleures conditions».

La majorité des électeurs avec qui on s’est entretenu voyait dans l’acte de vote un devoir citoyen qu’il ne faut pas manquer sous aucun prétexte. « L’abstention n’est pas la solution, puisqu’elle ne permet pas d’exprimer sa voix et laisse la chance aux autres la possibilité de décider pour nous », indique Jalel Belkhoja au centre de vote de l’école primaire Bouchoucha, Kram-Est qui compte 4.786 inscrits. Il ajoute que le pays passe par une situation particulière et a donc besoin de plus de stabilité. Les résultats de ce scrutin permettront en tout état de cause de nous éclairer sur les orientations de l’électorat en général et de savoir si on a été en mesure de tirer les leçons du passé ou non. « Je dois dire que je ressens de la joie aujourd’hui en raison du grand nombre de votants ».

Cette participation en grand nombre signifie que le citoyen tunisien est devenu plus mûr et qu’il doit s’acquitter de son devoir de vote.

Ceux qui ont boycotté la présidentielle doivent comprendre que l’absentéisme n’impactera nullement les résultats de ce scrutin. Les partis politiques qui ont refusé de participer à la présidentielle ont, à leur tour, laissé passer leur tour et une grande chance pour imposer le changement de la manière la plus démocratique, par le biais des urnes, conclut Jalel.

Des difficultés au niveau  de l’application de l’Isie

Le président du centre de vote à l’école primaire Bouchoucha a confirmé à La Presse une forte affluence depuis 8h00 du matin. En majorité des sexagénaires qui sont matinaux. Il a souligné par la même occasion l’absence d’infractions électorales. Certaines personnes n’ont pu accomplir leur devoir électoral en l’absence de pièces justifiant leur identité, a-t-il ajouté.  « On ne pouvait accepter la participation de personnes avec une copie de la carte d’identité scannée sur un portable ». Le président de ce centre nous a confié par contre que des pannes à répétition ont été enregistrées au niveau de l’application de l’Isie, pour l’identification du centre et du bureau de vote pour chaque électeur, ce qui a causé des difficultés au niveau de l’orientation des votants, en particulier les personnes âgées. 

A son tour, Samir Ghadhrib, photographe, venu voter en compagnie de sa femme, considère que l’acte de vote est un devoir national, une obligation. Il ne sait pas pour quelles raisons d’ailleurs certaines personnes ont choisi de bouder les bureaux de vote. « C’est notre pays, il est de notre devoir de voter pour participer au développement du pays et imposer certaines réformes à tous les niveaux. On doit soutenir celui qui est appelé à présider le pays ». Faouzi Trabelsi, un ancien banquier, est lui aussi d’accord pour dire que le vote est un devoir et une obligation. Ce dernier n’a pas manqué d’exprimer sa fierté et sa joie devant le grand nombre d’électeurs qui ont afflué dès l’ouverture des centres de vote.

Plus de 50 mille inscrits sur les listes électorales

Il est à souligner que plusieurs observateurs étrangers et locaux ont suivi de très près les opérations de vote qui se sont déroulées dans les différents centres dans le total respect des règles électorales, à l’exception de quelques petites infractions.

Certains électeurs n’ont pas hésité à photographier à l’aide de leurs portables le bulletin de vote dans l’isoloir après avoir accompli leur devoir électoral, ce qui est strictement interdit par l’Isie.

La ville du Kram, relevant du gouvernorat de Tunis, compte 89 399 habitants selon les toutes dernières estimations de l’INS publiées en juillet 2024.

Le nombre d’inscrits sur les listes électorales est de 50.398.

Pour la présidentielle 2024, l’Isie a mis à disposition des électeurs de cette délégation 11 centres de vote.

Le centre de Sidi Amor (Kram-Ouest) à l’école primaire compte le plus grand nombre d’inscrits (14.525) avec 08 bureaux de vote. Les unités militaires et policières, comme à leur habitude, ont veillé à la sécurité des électeurs à l’entrée des centres de vote.

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